Biographie
Baya Medhaffar est une artiste multidisciplinaire dont le parcours navigue entre cinéma, musique et programmation culturelle. Elle a découvert le monde du cinéma, en tant que jeune actrice, suite à un casting sauvage pour le rôle principal du film À peine j'ouvre les yeux de Leyla Bouzid. Cette expérience l’a conduite à se détourner du jeu pour d'autres espaces de création lui offrant des moyens d'expressions plus personnels et en accord avec ses convictions : la réalisation, la recherche et la programmation. Coordinatrice et programmatrice artistique du festival Gabes Cinema Fen en Tunisie, puis invitée en 2023 comme programmatrice pour le festival "Premiers Films" à Artagon Pantin, elle a également participé au Cinéma du Réel, où elle était en charge de la section "First Window".
Son intérêt pour le son et la musique, devenu central dans son travail, l’a poussée à entamer un projet d’album suite à l’obtention d’une bourse en 2023. Cette exploration des enjeux sonores prend une nouvelle dimension avec la réalisation de son premier court-métrage, Festina Lente (2021), où elle expérimente une nouvelle manière d’agencer images et sons, pour s’affranchir du discours explicatif au profit d'une approche plus poétique.
C'est ainsi qu'après les événements du 7 octobre 2023, Baya Medhaffar a commencé un travail d’archivage de vidéos issues des réseaux sociaux, dans une démarche de "penser/classer" pour ensuite articuler la trame du film dont elle a débuté l’écriture et le montage au début de l'année 2024.
Projet
A Providenza, elle a pu se concentrer sur la deuxième phase de création de ce film, où l’aspect musical et sonore occupe une place prépondérante. Tale of the Children of Darkness explore le rôle des images dans la transmission de l’Histoire et la résistance aux violences coloniales au sein de la lutte palestinienne. À l’ère d’une documentation instantanée et brutale des atrocités, il redonne aux images leur pouvoir de résistance, les transformant en outils d’action et de mémoire collective.
Le film s’articule autour de deux symboles de la résistance palestinienne : les tunnels et les chants. Tandis que les tunnels incarnent une lutte souterraine et stratégique, les chants, porteurs d’héritage et de solidarité, transcendent l’horreur. À travers une approche sensible et poétique, proche du conte, le projet évite la simple dénonciation pour plonger dans l’obscurité des tunnels et révéler, dans les lueurs des bombes, la beauté tragique d’un peuple en lutte. Ce documentaire est un contre-récit face à la propagande, saisissant la réalité humaine de cette résistance collective. Il célèbre l’amour, la culture et la ténacité qui survivent aux tentatives d’effacement, affirmant le droit à l’existence face à l’oppression.